2008
- Projet Les Pierres Fichées
Nouvelles Archives Nationales à Pierrefitte |
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La
symbolique : Elle
s'enracine au plus profond des êtres et des civilisations. Nos arrogances
de prédateurs et connaisseurs suprêmes altèrent nos
accès à ce protolangage, trésor de lien, de sens
et d'essence. Les créateurs et les spectateurs les plus cartésiens
obéissent, sans le savoir, à cet imprégnateur subtil
qui influe sur nos actes et nos pensées. Les messages reçus
ont la particularité de pouvoir être librement interprétés
par chacun sans avoir de comptes à rendre à l'autre ou aux
dogmes explicatifs. Le parti pris architectural des nouvelles Archives
Nationales n'échappe pas à ces mécanismes de libre
ressenti, au-delà des intentions de création.
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Ressenti architectural : L'éparpillement ordonnancé des volumes rappelle un empilement de livres. Les tranches forment des bouches ouvertes où les dents sont losanges. Ces alvéolages réguliers, emblématiques de l'archivage, rappellent des alignements mégalithiques comme ceux de Carnac. Hasard ou pas de la création, ils représentent à merveille les origines du nom de la ville. On retrouve aussi des menhirs, ou pierres fichées, dans les armoiries de Pierrefitte. Ces symboles de fertilité et de perpétuation sont de bon augure pour le site de la mémoire nationales. | |
Pierres
fichées : En
m'inspirant des losanges qui rythment les façades j'ai uni deux
pyramides rectangles par leur base pour concevoir un octaèdre remarquable
d'un mètre cube. Pour réconcilier le géométrique
avec le symbolique et le pragmatique avec le poétique, j'ai fait
appel à un nombre exceptionnel, racine
cubique de 2, qui proportionne ce monolithe
unique et énigmatique. Ce même nombre magique a aussi la
particularité de multiplier ou diviser à l'infini par 2
le volume du menhir étalon. J'utilise cette originalité
pour générer une suite de clones, parfaitement homothétiques,
dont le volume se divise progressivement par 2. |
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redressement progressif des pierres |
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Scénographie
:
Le manque d'information sur le contexte et les contraintes ne m'empêche
pas de dessiner une mise en espace provisoire pour présenter mon
scénario qui, lui, est pratiquement arrêté. L'histoire
commence à la porte sud-ouest du site avec un éparpillement
d'une partie des menhirs géométriques sélectionnés
par mon casting. Ils sont diversement couchés, orientés
et enterrés pour composer un lieu d'accueil chaotique et énigmatique.
Les citoyens sont invités, dans un premier temps, à faire
un premier pas dans cet espace chambardé. Chacun peut s'asseoir
pour discuter, méditer ou simplement se reposer. Cette interface
intemporelle, entre la cité et son passé, représente
le tumulte hétéroclite de notre mémoire collective.
Elle s'étire le long du chemin d'accès au Archives. Plus
on avance et plus les volumes semblent se redresser et s'ordonnancer en
procession vers le cur du site de la mise en fiche de la mémoire.
Après un petit espace vide, cinq échantillons de pierres
classées à la verticale font face au cortège mégalithique.
Ils s'affichent en exemple d'une mémoire bien triée et fichée
pour être mieux compulsée. Le spectateur ou le chercheur
découvre progressivement la façade de l'édifice de
l'architecte Massimiliano Fuksas et les liens géométriques
qui l'unissent aux pierres fichées, menhirs emblématiques.
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Frédéric
JAUDON - 06.60.82.60.42 |