2006
- Avant-projet
Ru des Murmures Lycée
du BATIMENT de RIOM
|
Demande
: 2 thèmes, relation nature/culture et rapport du savoir au faire.
La région Auvergne veut traduire sa préoccupation de développement
durable de notre société et de notre cadre de vie.Riom a su
anticiper ces enjeux pour aborder la grande bifurcation de la mondialisation.
Son diagnostic lui a permis de cerner de multiples sujets comme les échelles
d'acteurs, le développement solidaire ou la campagne urbaine. Ces
analyses appellent à des actes concrets. Le culturel doit impérativement
s'imbriquer et s'impliquer harmonieusement avec le naturel, comme l'acquis
avec l'inné. Il doit générer des alliances fertiles
plutôt que des concurrences stériles. Dans cette approche,
l'éducation citoyenne est primordiale pour le futur de la planète.
Pour le lycée, elle cadre l'apprentissage de nos jeunes bâtisseurs
d'avenir. Ils doivent nécessairement intégrer le respect des
gens et de l'environnement, d'autant que le bâtiment est l'un des
secteurs les plus impliqués dans la qualité de vie et le développement
durable. |
Ebauche
d'une piste : Cinq
ruisseaux drainent discrètement les eaux de ruissellement de Riom.
Le Sardon, le Ronchalon,
l'Ambène, la Pale et le Mirabel.
Je propose d'en créer un sixième, emblématique, pour
drainer les potentiels de créativité de la jeunesse riomoise.
Ce Ru
de Riom traverse de par en par l'établissement scolaire.
Il est majoritairement enterré et n'émerge que trois fois
pour porter des installations conviviales et collégiales, la source,
l'îlot et le delta. Vu du ciel, il ressemble à un immense
plan d'architecte. Sa présence souterraine se traduit graphiquement
par cinq lignes discontinues et contiguës. Des traits en pointillés
signifient son lit et son cours, un trait d'axe son centre. Un colonne
de jeunes peupliers d'Italie borde le périple. Ce balisage en pierres
serpente sur plus de 300 mètres.
L'idéal
serait de détourner partiellement le ruisseau qui coule au nord
de la parcelle pour le reverser dans celui qui coule au sud. En cas d'inondation,
il aurait déjà l'avantage de faciliter l'évacuation
des eaux bannies du sol par nos appétits bétonniers. Il
faudrait installer des canalisations pour les parties cachées du
parcours. Cette parenthèse buissonnière relierait plus fortement
le lycée, la campagne et la cité, une intégration
concrète de la nature à l'architecture. Ce ruissellement
sédatif et bucolique temporiserait les pressions du rectiligne
et du scolaire.
Pour éviter cette captation, j'avais même envisagé
l'éventualité de créer un réseau en circuit
fermé alimenté par des sculptures pompes éoliennes.
La fréquence aléatoire des vents ne pourrait assurer un
débit régulier. L'utilisation de l'énergie solaire
serait trop faible ou envahissante et l'utilisation du courant du secteur
pourrait être perçue comme du gaspillage.
Plus sobrement je remplace
l'eau par le verre. Les
trois apparitions du Ru se traduit par de légers
fossés grossissant progressivement de dix à quarante centimètres
pour la profondeur et de cinquante centimètres à deux mètres
pour la largeur. Ils sont façonnés dans divers matériaux
de construction. Sur le fond plat ruisselle un ruban intermittent de verre
incolore très épais. Il dessine lui aussi un trait d'axe
en étant soit point, soit long tiret. Sa largeur ne représente
que le dixième du fond de la fouille. Une succession d'inscriptions
sont gravées, sablées et colorées sur la face inférieure
des plaques transparentes. Cette fresque de croquis, schémas et
autres formules mathématiques sacralise jovialement l'univers du
bâtiment.
Les accotements servent de banquettes qui matérialisent aussi des
traits de construction en pointillés. Elles invitent chacun à
s'asseoir le long du Ru pour une pause ou entamer le dialogue.
|
Première installation,
la source :
Elle se situe à l'entrée principale du lycée. Elle
se compose d'une imposante souche creuse d'arbre millénaire. Cette
base de tronc, coupée à une quarantaine de centimètres
de haut, forme une banquette en fer à cheval. La face extérieure
reproduit fidèlement une écorce de chêne, la face
intérieure est couverte de gravures naïves représentant
des habitations ancestrales du monde entier, de la cabane en défense
de mammouth à la case africaine ou gauloise. Une dizaine de tilleuls
ceinturent la souche à palabre. Le Ru de verre naît au centre
de l'agora pour s'élargir et s'approfondir au fur et à mesure
de son cheminement. Il disparaît juste avant de passer sous la salle
de conférences. Ensuite le marquage discontinu serpente un moment
dans le grand hall de circulation. Il peut se retrouver en double, au
dessus, sur les toits pour une vue satellite.
Deuxième
installation, l'Ilot :
Le ruisseau débouche ensuite dans la cour vie scolaire et restauration.
Il se sépare en deux puis se rassemble pour forme un îlot
d'une trentaine de mètres carrés. L'espace est généreusement
planté d'arbres fruitiers régionaux en voie de disparition.
Quatre petits ponts, très différents dans le choix des matériaux
et des formes, s'orientent vers les quatre points cardinaux. Ils s'improvisent
aussi banquettes comme les fossés qui cernent l'îlot. Le
Ru quitte le verger pour courir encore quelques mètres avant de
re-disparaître sous la pelouse. Le feston de peupliers et de traits
pointillés reprend et s'éloigne dans la prairie. De temps
à autre, certains tirets s'épaississent en banquettes de
solitude et de méditation. Troisième
installation, le Delta :
Fin du parcours de connivences au bout de l'institution, vers les dortoirs.
Le Ru débouche une dernière fois pour défluer en
trois ou quatre bras dans un petit marais, au centre d'un large ponton
en trois quart de cercle accessible à ces deux extrémités.
Une couronne de bambous et d'arborescences métalliques englobe
le tout. Pour s'asseoir, des souches de bambous factices surdimensionnées
sont disséminées dans l'espace métamorphosé.
Chaque installation possède une balise/horloge
des énergies renouvelables. L'air, l'eau ou le soleil animent et
cadencent des diodes lumineuses et des mécaniques évocatrices.
Elles rythment placidement l'art de vie scolaire.
|
Trame
conceptuelle : La
vielle souche représentent la sagesse ancestrale partagées
par nos civilisations verbales. Elle évoque l'arbre à palabre,
le chêne druidique ou le tilleul de justice. Elle s'enracine dès
l'entrée du lycée pour enfanter le Ru
des Murmures. Ce ruisseau totémique symbolise à
lui seul l'apprentissage et la mise en commun des ressources du savoir
et du faire. Le moindre filet d'eau est une source
à part entière du fleuve. Chacun peut et doit apporter sa
goutte au moulin mondial.
La circulation de l'eau exprime aussi le renouvelable.
L'îlot et ses ponts cardinaux
représentent le croisement et la confluences des connaissances
et des parcours. Le verger réside au cur de l'établissement
et du parcours éducatif. Ses fruits personnifient l'aboutissement
du travail des élèves. Ce bout de campagne urbaine valorise
et favorise l'apprentissage.
Le delta final figure la diversité
des orientations professionnelles. Les décisions se prennent dans
le marais avant d'embarquer sur le ponton pour traverser le taillis de
bambous et de métal de la concurrence du monde du travail.
Le ponton situé en zone inondable nous rappel qu'il faut prévoir
l'avenir.
Les balises/horloges incarnent
l'alliance de la culture et de la nature, elles valorisent et visualisent
concrètement le temps qui passe. La
puissance hypothétique des symboles et des concepts ne suffit pas.
Ces sculptures métaphoriques vont plus loin, elles s'invitent en
filigrane dans la vie de l'élève. Elles intègrent
la nature et scénographient ses facettes comme les ombres, les
bruissements ou les fragrances. Le simple positionnement en file indienne
des peupliers participe à ces influences occultes. Cette présence
discrète résonne au plus profond de nos inconscients collectifs
pour provoquer de l'apaisement et de l'ouverture vers l'autre. Les trois
territoires de connivences semblent surgire d'une légende. Ses
fossés récréatifs et buissonniers appellent des murmures
empathiques et des rires complices, à l'écart des contraintes
quotidiennes. Les jeunes s'y assoient côte à côte,
comme autour d'un feu ancestral ou d'une table ronde.
"
Les mers ne sont que de petites flaques d'eau sur une minuscule planète.
Une multitude de gouttes sur une multitude de poussières. "
|
|