2009
- L'arbre à tambours "
Piébwa tanbou "
Projet retenu pour le Campus de la Martinique |
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L'installation totémique personnalise et singularise le bâtiment " DEUG SV et IUT HSE " et plus largement le campus. J'interviens pour éveiller et stimuler les soifs d'apprendre et de comprendre. J'ambitionne de déclencher ces appétences en élaborant un espace ludique et énigmatique où se marient le poétique et le mathématique. Ma démarche s'enracine d'abord dans l'intuition, avant la réflexion. J'aspire à provoquer des prises d'inconscience sur les merveilles de la nature, d'ici et de là-bas, de maintenant, d'avant et d'après. La vie me procure de formidables jubilations que je souhaite partager et propager. Vous retrouvez ces notions d'échange et de transmission dans la proposition qui suit. | ||||||
Une arborescence tentaculaire de monolithes étire ses bras pour aspirer et inspirer passants, étudiants ou enseignants. Elle les invite à venir s'asseoir pour échanger, étudier ou simplement s'évader. La familiarité des formes sphériques s'enracine dans l'inconscient collectif universel, de l'infiniment petit cellulaire à l'infiniment grand stellaire en passant par l'environnement sécurisant des cavernes de nos ancêtres ou des cabanes de notre enfance. La scénographie des volumes raconte la mécanique fondatrice du vivant, le big-Bang cellulaire de la reproduction organique. | ||||||
Synopsis
: Tout
commence avec un mégalithe posé à l'arrière
du bâtiment " DEUG MIAS ", dans la boucle dessinée
par l'accès pompier. Cette sphère de 2 mètres de haut
matérialise un ovule. Il est creusé d'un large cylindre pour
devenir annulaire. Cette bague géante est précisément
basculée et orientée sur l'étoile polaire. Cette fenêtre,
ouverte sur le ciel, possède une étroite perforation conique
à son sommet pour laisser passer le soleil pendant seulement une
heure par jour. Le rayon solaire, incarnation de l'insémination,
pénètre alors la membrane pour venir balayer la paroi interne
de l'anneau. Au moment exact du zénith, le faisceau coupe un analemme
dessiné dans ses entrailles pour indiquer le milieu précis
de la journée. Pour signifier la duplication résultant de cette fécondation symbolique, la géante cellule-mère est entourée de deux, puis quatre, puis huit, puis seize cellules filles qui se succèdent pour former une arborescence élégante et accueillante. Les volumes rétrécissent au fur et à mesure du processus de dédoublement. Les deux cellules de la première génération sont également évidées. Ces fenêtres, ouvertes sur la terre, s'enracinent et s'orientent souterrainement chacune vers l' un des deux pôles. Les générations suivantes de cellules sont pleines et couchées à l'horizontale. Elles font office de tables ou de sièges. L'ensemble dessine une arborisation de tambours qui se démultiplient jusqu'à se disperser. |
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L'uvre
se lit aussi dans l'autre sens, en partant des plots éparpillés.
Les deux premières générations de petits tambours représentent
alors notre niveau de maturation. Nous commençons étriqués
dans l'isolement pour grandir dès que nous nous mettons en relation.
Ensuite nous prospérons au fur et à mesure de nos partages.
La mise en commun de nos énergies et de nos compétences nous
enrichit individuellement et collectivement. Ces capillarités pyramidales
et primordiales participent au développement harmonieux de l'univers
unis vers, en l'occurrence elles favorisent une université unie vers
la cité. Cet arbre à tambours est un beau symbole d'unité
dans la diversité. L'arbre stimule la connaissance par le palabre,
les tambours nous appellent et résonnent au plus profond de nos jungles
intérieures. Cette installation emblématique ne demande qu'à être envahie par une luxuriance végétale propice à créer de l'ombre et de la convivialité. Des arbres fruitiers, comme l'arbre à pain et ses fruits généreux, peuvent venir renforcer la magie des lieux. |
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La situation : L'arbre à tambours est planté à l'angle du replat où arrive la voie pompier. Il est visible de l'ensemble de la cour, à travers les péristyles du bâtiment DEUG MIAS. La répartition et l'implantation des éléments seront précisées après une visite du site. | ||||||
Positionnement
dans le temps et dans l'espace
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Rien n'est
figé dans l'uni-vers en éternel équilibre instable.
Nous ne percevons de la réalité que ce que nos simples sens
nous autorisent. Les outils de perception que nous inventons ne suffisent
pas, nous restons aveugles à la majorité des forces qui renouvellent
tout perpétuellement, de l'infiniment petit à l'infiniment
grand. Je convoque ces invisibles vecteurs de sagesse et de respect dans
mon agora initiatique. Une fenêtre vers le ciel : L'axe du grand cylindre est parfaitement orienté au Nord et fait un angle de 14,62° avec l'horizontale. La nuit, on peut venir voir tourner les constellations autour de l'étoile polaire. L'écho présent dans cette lunette astronomique archaïque interpelle et favorise la découverte des autres mondes. Ce hublot invite au rêve et à l'évasion. Des fenêtres vers la terre : Les axes des cylindres latéraux sont aussi orientés Nord Sud. Ils forment un angle avec l'horizontale, l'un s'enracine à 37,69° vers le pôle nord, l'autre à 52,31° vers le pôle sud. Ces lunettes souterraines interrogent et encouragent la recherche intérieure. Ces hublots invitent à l'introspection. Des monolithes en surface : L'axe de leur cylindre est dirigé vers le cur de la terre et le centre du ciel. Ces formes stables nous proposent de suspendre le temps pour mieux le prendre. Les trois hauteurs proposées permettent à chacun de se positionner dans le groupe et de voir les choses et les gens sous différents angles. La variabilité des écarts entre les tambours permet à chacun de régler sa distance à l'autre, du recul, au calme, à l'intimité de proximité. Les plots, surtout les plus hauts, peuvent aussi servir de table pour lire, écrire ou dessiner. Le fait de pouvoir s'installer dans tous les sens crée une atmosphère de liberté qui favorise l'expression du soi et la rencontre des autres. Ces tambours couchés nous invitent à l'échange et au partage. |
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L'analemme : J'ai choisi d'incruster un analemme au cur de la cellule-mère pour spatialiser l'uvre dans le temps. Ce huit couché permettra de matérialiser le milieu exact de la journée, au moment où le soleil est à l'apogée de sa trajectoire. Ce vrai midi ancestral a pour but de s'inscrire dans le local. L'heure officielle a 4 minutes et 23 secondes d'avance à cet endroit du campus. Le rayon de soleil donnera aussi les mois, les équinoxes et les solstices. |
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J'ai
toujours été persuadé que le symbole mathématique
de l'infini, le 8 couché, venait de cette matérialisation
du mouvement perpétuel de la terre autour du soleil. Dans le 8,
l'Infini mathématique et le Perpétuel astronomique fusionnent
avec l'Eternel symbolique. Dans l'analemme, le mouvement de balancier
de l'évolution devient palpable. |
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Peu de gens connaissent ce 8 étiré que dessine annuellement le soleil, identiquement sous toutes les latitudes de notre planète. Même un enfant peut révéler ce filigrane subtil et intangible. Il lui suffit de choisir une heure quelconque de la journée et de repérer quotidiennement pendant un an la position du soleil dans le ciel ou à l'extrémité de l'ombre d'un piquet. L'expérience effectuée à midi donne un 8 parfaitement vertical, en début ou en fin de journée le 8 se couche sur l'horizon. |
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Clés
mathé-magiques
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Deux nombres exceptionnels
façonnent les volumes : |
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Je me suis
inspiré de ces notions pour proportionner les tambours. Les plus
petits, qui figurent les individus lambda isolés, reprennent les
dimensions de la feuille commune A4. Le diamètre et la hauteur de
leur cylindre interne fait 21 cm et le diamètre de la sphère
29,7 cm. En coupe, je retrouve le carré inscrit dans un cercle. Les autres générations de tambours ont les mêmes proportions énigmatiques et emblématiques. Pour déterminer la progression des tailles, j'utilise un autre nombre exceptionnel et significatif, le nombre d'Or. Le nombre d'Or ( 1,61803399 ) Ce nombre mythique pour l'art et la science, symbolise à lui seul le principe d'évolution et d'expansion. Il est inscrit dans la nature, du nautile à la fleur de tournesol en passant par la pomme de pin ou l'ananas. La preuve de sa première utilisation par l'homme remonte au moins à 10 000 ans, elle est immergée dans la mer des Bahamas avec le temple d'Andros. Les architectes, les artistes, les penseurs et autres créateurs l'ont généreusement utilisé au cours des temps où les mathématiques, la philosophie, la poésie et les autres disciplines faisaient bon ménage. |
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J'utilise
le nombre d'or pour échelonner les tailles des différentes
générations de volumes.
Je multiplie successivement les dimensions de mon tambour anthropomorphique, 21 x 29,7 par 1,618 , pour arriver au plus grand, soit 144 cm pour la hauteur et le diamètre du cylindre et 204 cm pour le diamètre de la sphère. |
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Les
fondations : Les
trois blocs les plus importants sont scellés entre eux et sur une
dalle en béton ferraillé, de 2 m x 4 m x 30 cm, pour ne pas bouger avec le temps et les cyclones. L'analemme du cadran solaire étant très précis, il ne supporte pas le moindre mouvement du bloc principal. Les autres blocs, même ceux qui sont côte à côte, ont chacun une petite fondation en rapport avec leur gabarit. Ils pourront ainsi être un jour déplacé au gré des modifications voulues. |
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L'entretien
: Il
ne nécessite pas de précautions particulières. La mosaïque
de bonne qualité est la même qui est utilisée pour les
piscines de plein air. Les carreaux dégradés, accidentellement ou volontairement, pourront facilement être remplacés, d'autant que le mosaïste qui les réalise habite Schoelcher. La matière volcanique, réalisée dans la masse, ne craint pas non plus les outrages du temps. Un éventuel éclat de matière, créé par un choc violent, passera inaperçu. Une patine se fera naturellement avec le temps de la même manière qu'une roche dure. Les deux matières pourront être nettoyées au pistolet haute pression, style Karcher et éventuellement traitées avec un fongicide |
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Le
développement durable : Au
fil des ans, j'essaie de modifier le choix de mes matériaux et de
mes techniques pour être de plus en plus en harmonie avec la nature,
même si cela me demande plus de travail et plus de dextérité.
Par exemple j'ai remplacé le polystyrène expansé, qui
se sculpte très facilement, par des façonnages avec des poches
de tissu que je remplis avec toutes sortes de sous-produits de l'industrie.
Du liège en granule à la sciure en passant par le sable. Pour
cette réalisation, en Martinique je voudrais utiliser de la bagasse
(fibre de canne à sucre). L'utilisation au cur des volumes
de ce matériau, emblématique du passé et du présent
de la Martinique, enrichit la symbolique de l'uvre. Le développement local : J'ai cherché à utiliser au maximum les valeurs et les potentiels régionaux, pour le choix des collaborateurs et des matériaux. Les références au volcanisme, la spatialisation géographique et le temps local participent de cette démarche. |
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